Exposition Compassion (Parcours « Trames »)

Les  pierres  comme les nuages…bougent.

D’où vient ce mouvement interne qui dans chacune de ces encres conduit l’eau à couler, descendre sur le papier, le froisser, au risque de le perdre ?

De Chine bien sûr mais surtout du ciel. C’est la raison pour laquelle la chapelle de l’Hôtel-Dieu les accueille aujourd’hui et leur offre un écrin exceptionnel.

Li Xin suit le mouvement d’une eau qui pleure. On peut pleurer de tristesse mais aussi de bonheur. L’essentiel est de ne pas chercher à arrêter ce mouvement et  d’accompagner l’eau sur la toile ou sur le visage, comme une sainte Véronique.

Calligraphe dans l’âme, chez ce peintre résolument contemporain, l’eau n’est pas un élément parmi d’autres, c’est elle qui signe l’œuvre tout en lui conférant sa part de risque et d’instabilité. 

Ce travail silencieux et discret ouvre pour l’art contemporain chinois une voie d’avenir, étroite et authentique.  « Celui qui a la capacité de comprendre et d’intégrer l’héritage de nos ancêtres peut aussi créer du nouveau sans attachement pour le passé. Mais de nos jours, nous rencontrons difficilement ce genre d’homme… »  Shi Tao, propos sur la peinture du moine Citrouille-Amère.

On s’émerveillera ou bien l’on s’ennuiera peut-être face à ces paysages gris et bleutés.  Mais il suffira alors de s’assoir et de respirer afin de percevoir le lien étroit entre ces œuvres et la prière : lorsque le léger devient lourd et que le lourd devient léger, nous sommes au cœur d’un mystère à méditer.

Christine Cayol